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L'atelier d'écriture Le fil à la patte
5 janvier 2013

Atelier numéro 1

La consigne était la suivante : choisir entre deux listes de mots et les intégrer ensuite dans un texte sans contrainte de formes. 

La première liste : forêts, rêverie, cime, solitaire, passage, secret instinct, voix du ciel, régions inconnues, orages, demon, coeur. 

La seconde : Un homme – à l'aéroport – gros – l'hôtel – argent - amour – technologique – théatre – avion – normalement.

Constance et Sophie Anne ont choisi la première :

Le texte de Constance

Une ombre encore indistincte descendit lentement de la passerelle au point du jour.

Une femme qui se hatait vers son lieu de travail croisa son chemin. Elle sentit sa rêverie se disloquer sous la violence devinée des orages de l'âme de cet être étrange. Son pas s'accéléra d'instinct et d'écho du claquement de ses bottes sur le pavé finit de dissiper le brouillard matinal.

L'homme, insensible, leva des yeux excités vers les fôrets de béton qui s'étendaient devant lui: bosquets de gratte ciel cupides, bois de maisons mitoyennes "proprettres". Il se sentait regaillardi, concquérant et impatient.L'attrait de ses régions inconnues n'avait d'égal que son appétit grandissant.

Balayant du regard les constructions humaines, la cime d'un immeuble de verre retint son attention. C'était comme si le vent lui soufflait la route à suivre. La voix du ciel ne souffrait aucune rebellion, et il se précipita dans cette direction.

La ville s'éveillait, et une foule solitaire de travailleurs insignifiants envahit brusquement son espace. L'air exsudé par ces centaines d'anonymes pénétra ses poumons en feu. Ce qui en lui faisait office de coeur battit plus vite, nourri par leurs détresses, leurs doutes et leurs angoisses quasi palpables. 

Le soleil, qui avait fait une timide percée battit en retraite derrière un sombre nuage. 

Fuyez, fuyez, pauvres fous! 

Le démon. Le démon est de retour. Et il a faim.

Le texte de Sophie-Anne

Le passage :

Un secret instinct lui dictait maintenant de pénétrer au cœur de ces forêts d’essences odorantes.

Les orages avaient cessé la veille au soir, la voix du ciel pouvait désormais se faire entendre.

Solitaire, Pedro s’enfonçait d’un pas assuré dans ce labyrinthe végétal où dieux et démons se combattent en silence. L’ultime passage devait être visible mais quelle voie emprunter ?

Soudain, Pedro eut l’intime conviction que la clé du mystère se trouvait ailleurs. Il regarda le ciel un instant et fut saisi d’un élan céleste.

Il fit alors quelques pas en arrière et se dirigea vers l’entrée de la canopée.

En quelques minutes, il s’éleva jusqu’à la cime des arbres et fut pris d’un vertige : celui du paysage vertigineux qui s’offrait à lui.

L’immensité de ces régions inconnues venait de livrer leur secret car le passage était là, face à lui.

Pedro pouvait maintenant s’abandonner à la rêverie en attendant son sacre. Il venait de réussir son rite de passage. Dans quelques heures, il sera un homme.

 

Isabelle, Marie Jo et Lucie ont choisi la deuxième liste :

Le texte d'Isabelle

A l’aéroport, un homme. A l’aéroport, un homme, tout à l’heure, regardait partir l’Amour de sa vie dans le gros avion long courrier en partance pour un ailleurs trop lointain.

Seul dans l’espace fourmillant d’histoires dont il n’avait que faire, il pensait que tout l’argent du monde, toute l’avancée technologique, toute la littérature, toute la philosophie ne vaudrait jamais ne serait-ce qu’un battement de cil, qu’un soupir de celui qui le laissait irrémédiablement seul au monde.

Au théâtre de sa triste vie ne se jouerait désormais qu’un vain monologue ou qu’un insondable silence. Mais après tout n’était-ce pas la même chose ?

Maintenant son existence ne serait qu’une suite de fuites, d’instant creux, de lieux anonymes comme des chambres d’hôtel - sans grâce.

Le texte de Marie Jo

Assise sur un banc, elle attendait. Le siège était froid, mais l’emplacement lui permettait de voir le tableau annonçant l’arrivée des avions. 

À l’aéroport, l’ambiance était calme, seul le bruit d’un homme faisant l’entretien des toilettes se faisait entendre non loin.

Elle sentait ses yeux lourds de sommeil, elle aurait bien dormi plus longtemps. La nuit passée à l’hôtel avait été courte, tourmentée de pensées récurrentes et de cauchemars. Et s’il ne venait pas, s’il avait manqué l’avion, s’il avait eu un accident ou pire s’il lui avait menti.

Les images de leur rencontre ne cessaient de défiler dans sa tête, telle une pièce de théâtre romantique.

Avait-elle tout imaginée, était-il possible qu’il soit réellement tombé en amour comme il le lui témoignait dans leurs communications internet? Elle repoussait ces pensées.

Elle n’avait pas raison de s’inquiéter, normalement leurs retrouvailles se feraient d’une minute à l’autre. Et s’il n’en voulait qu’à son argent?Elle se savait plus riche que lui et avait pris un gros risque en payant son billet.

Mais elle devait le revoir, elle ne pouvait plus continuer à vivre en ayant l’impression de passer à côté de l’amour de sa vie.

 

Le texte de Lucie

Nous sommes à l'aéroport.

Prenons un homme qui attend son avion pour voyage d'affaires et une comédienne de théatre de retour de mission humanitaire.

Lui utilise tout ce qu'offre le progrés technologique : tablette tactile et numérique. Son nuage d'informations lui flotte au dessus de la tête comme une épée de Damoclès.

Elle a appris le dépouillement, le renoncement et n'a dans son sac qu'un carnet, des crayons et des dessins d'enfants.

Il est gros à déborder de son costume trois pièces. Il passe sa vie dans les hôtels.

Elle est d'une minceur quasi athlétique, vêtue de lin et de coton aux motifs ethniques. Elle s'apprête à rejoindre sa colocation.

Ses yeux à lui sont couleur d'ébène, mats, sans lueur comme éteints.

Alors qu'on plonge dans le bleu turquoise de ces yeux à elle, couleur océan lointain.

Lui pense argent, profit et rentabilité.

Elle songe à tout ceux qu'elle va encore pouvoir aider.

Elle aime ouvrir ses mains pour applaudir, guider, réconforter quand lui les tient fermées prêt à taper du poing sur la table lors de négociations serrées.

Imaginez que ces deux personnages qui normalement ne devraient pas se rencontrer vont vivre une histoire d'amour. Ecrivez le scénario.

Voilà le sujet que j'ai proposé à mes élèves de l'école de cinéma.

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